Avant d'arriver à Mburucuya (prononcer Mburucucha à la mode de Buenos Aires), nous faisons une halte à Ituzaingo. La piste entre Colonia Peligrini et Ituzaingo est très sableuse et de part et d'autres, Nous observons les estancias et le bétail à l'infini. Nous croisons un serpent énorme, mort sur la route.

A Ituzaingo, nous trouvons un camping agréable au bord du fleuve Parana dans le vieux quartier du village. En face, c'est le Paraguay. C'est propre, il n'y a personne et il y a même de l'eau chaude! Nous y menons une vie tranquille : pêche, travail scolaire tranquillou à l'ombre, mise à jour du site et des cahiers de la classe transplantée, petites parillas (barbecue) agrémentées de chumichurri (mélange d'épices locales). Les filles s'initie à la pêche avec succès tant il y a de poissons dans le fleuve. Le village est agréable mais bien qu'il ne soit pas grand nous trouvons toujours et jusqu'au dernier jour le moyen de nous y perdre car nous ne nous habituons pas encore à l'aménagement quadrillé de toutes les voies de circulation! Les glaces italiennes y sont délicieuses!

Nous nous y sentons tellement bien que nous y séjournons à deux reprises: une fois en allant au parc Mburucuya et une autre en revenant de Corrientes.

Nous sympathisons avec le responsable du camping: il nous aide dans le curage de notre mate et nous donne quelques leçons sur les différents féculents consommés dans le pays. Il y a la papas, l'équivalent de notre pomme de terre; la batata: patate douce; la batata colorada: une sorte de pomme de terre colorée et plutôt sucrée; le manioc, qu'ils consomment également énormément.

Cet homme a vécu jusqu'à 18 ans sur une île au milieu du fleuve Parana et chose surprenante: il connaissait certains mots uniquement en guarani et non en « castillan » selon ses propres mots.

Nous sommes l'attraction du village et les gens nous accostent pour nous poser des questions: d'où venons nous? Comment sommes nous arrivés? Où allons nous? Combien de temps voyageons nous? Ils sont évidemment surpris et se demandent comment nous pouvons nous permettre de voyager aussi longtemps. Il est vrai que les français ne sont pas forcément très nombreux par ici!

J'en profite pour me faire épiler -et oui il faut bien!- et je passe une heure avec l'esthéticienne, chez elle. Un tuyau pour les amies voyageuses: il est très facile d'entrer dans une farmacia et de demander les esthéticiennes travaillant à domicile. J'en profite pour lui poser des questions : elle est très croyante, comme beaucoup de gens ici mais ne me pose pas de questions personnelles sur le sujet. Elle écoute très attentivement la radio diffusant une émission d'un présentateur connu et reconnu divulguant des conseils sur la famille, la religion, l'éducation. Elle est très conservatrice et m'avoue qu'elle oeuvre, avec son mari, pour le bien être des gens du village en les aidant à trouver « la voie », en les conseillant et les aidant dans leur quotidien.

Nous faisons une lessive et nous visitons l'immense barrage de la région. Cette construction pharaonique a nécessité l'emploi d'environ 8 000 personnes de part et d'autre de la frontière. Il faut savoir que nous sommes en face du Paraguay et que le barrage bénéficie aux deux pays.

Le barrage de Yacyreta est construit sur le Rio Parana. Il comporte 20 turbines pour une puissance nominale de 155 MW, couvrant (en théorie) 25% de la demande actuelle en électricité de l'Argentine. Il peut turbiner jusqu'à 800 m3/s, au delà, 19 vannes de décharge peuvent être ouverte. Il prend appui sur des iles naturelles du fleuve et construit à la place d'une ancienne chute. Le fleuve est donc rendu navigable grâce à son écluse pouvant laisser passer des remorqueurs avec une dizaine de barges (en gros : 10 péniches de chez nous collées les unes aux autres). Une passe à poisson existe, mais bizarrement nous ne pourrons pas la visiter : c'est en fait un ascenseur. L'entrée proche des remous de l'eau turbinée n'autorise que très peu de passage de poissons, de plus la sortie de l'ascenseur se fait par une chasse d'eau violente qui blesse beaucoup de poissons. Les seuls poissons migrateurs chanceux sont ceux qui pourront passer par l'écluse ... Au delà du discours idéaliste des exploitants du barrage : construction de routes, écoles, centres sociaux, infrastructures divers, espaces naturels protégés, la présence du barrage est très controversée, et l'impact environnemental est grand : déplacement de plus de 40 000 personnes, obstacle à la migrations des poissons. De plus, la construction a laissée derrière elle une grande dette à l'Etat Argentin due aux travaux et divers détournements de fond. Les travaux ont duré 15 ans !

 

Septembre 2009 : Petite ville paisible d'Ituzaingo

 
   


Couché de soleil sur le Parana

 

Les filles
 

Une rue d'Ituzaingo
 

Galerie des turbines
 

Aval du barrage

 
   
   

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